Sølv - Zito - Drinking session

Regardant l'heure à l'horloge de la rame de métro où il se trouvait, Sølv ne put s'empêcher de pousser un soupire amusé... Les chamailleries de Beth et Edmond avait tout de même duré presque deux heures et la cadrant numérique affichait pas loin de 8:00 PM.

Sans se soucier le moins du monde où l'emmenait la rame, le vampire fit deux changements avant de décider de remonter à la surface. D'après le plan situé à la sortie, il se trouvait sur les rives de la tamise, pas loin du Tower Bridge, de Southwark et du London Eye. Cette perspective le fit d'ailleurs sourire, ça lui disait bien de monter dans la grande roue dont il avait tant entendu parler... Mais sa raison lui fit secouer la tête et sa promesse à Beth et Edmond le fit s'éloigner des berges du fleuve pour s'enfoncer un peu plus dans le quartier.

Le nez au vent, ses sens vampiriques captaient des bruits et des odeurs jusque là inconnus ou pas encore correctement intégrés à son circuit neuronal. Un jour Edmond lui avait dit qu'il était comme un nouveau né humain : tout à apprendre en plus de ses facultés surnaturelles... Heureusement que sa plus grand facilité concernait la compréhension linguistique, parce que même s'il avait mis des années à reparler, d'aussi loin que remonte ses souvenirs, il avait toujours compris lorsqu'on s'adressait à lui.

Regardant aussi la foule, ses pas le menèrent dans une rue, puis une autre au grès des personnes qu'il suivait sur quelques mètres avant que ses yeux se posent sur une autre qui l'intriguait un peu plus et le fasse changer de cap. Mais au bout d'un moment se fut l'ambiance autour de lui qui happa son attention alors qu'il se rendait peu à peu compte qu'il était dans une rue bien plus obscures que les autres, néons crépitants, lampadaires éteints ou à la lumière faible et que les gens qui foulaient le pavé était eux aussi bien plus sombres.

Arquant un sourcil devant tant de « mélancolie », le vampire se félicita d'avoir changé de tenue. S'il était resté tout en blanc comme à son habitude il aurait vraiment détonné dans cet univers qui paraissait bien plus sombre que le sien. Et quand il vit un nouveau néon, crépitant de bleu et de vert afficher le mot « bar », il lâcha presque un soupir de soulagement et entra dans le bâtiment sans réfléchir.

Saisit par l'ambiance à peine entré dans la grande salle à peine plus lumineuse que la rue, il resta coi un moment, jusqu'à ce qu'un client le bouscule, sans faire exprès, alors que Sølv gênait le passage. Ça lui fit reprendre ses esprits et faisant fit de la musique bien trop forte et rythmée à son goût, il alla jusqu'au comptoir et commanda « un demi svp », comme lui avait conseillé Beth...

Trempant ses lèvres dans le liquide ambré, il fut surprit par son goût âpre et amer mais n'en fut pas dégoûté. En tout cas pas comme avec l'alcool extrêmement fort qu'il avait ingurgité il y a quelques semaines... Chassant ces désagréable souvenirs de son esprit, il se mit à observer la pièce à la recherche d'un sujet à étudier...

Zito était assis à une table. Le bar qu'il avait choisi était sombre et miteux. Il y régnait une ambiance plus lourde que festive... En regardant ce décors médiocre, il ne pouvait s'empêcher  de penser à sa conception. Un jour, quand il s'était inquiété de l'identité de son père, sa mère lui avait répondu qu'elle n'en savait rien. Qu'il avait fallu renouveler le sang de la meute et que pour ça elle avait trainé dans plusieurs bars. Là-bas, elle avait couché avec plusieurs hommes, jusqu'à tomber enceinte. Elle n'avait gardé aucun contact avec ces "coups d'un soir". Alors, planté sur sa chaise, face à sa bière, Zito ne pouvait pas s'empêcher d'essayer de se refaire la scène... Il l'imaginait, en jupe courte, aborder des inconnus, les aguicher, se faire offrir un ou deux verres, avant ça se finisse dans un recoin sombre... Une fois la giclée de sperme récoltée, il l'imaginait se rhabiller, puis refiler un faux numéro et passer au bar suivant. Peut-être même bien qu'elle était venue jusqu'à Londres pour se faire saillir... Peut-être jusque dans ce bar là. Peut-être même que Zito  avait été conçu dans les chiottes du fond : Ceux qui, les meilleurs jours, sentaient la pisse fraîche....
Je vous l'accorde, nourrir de telles pensées était franchement glauque. Zito lui-même le reconnaissait. Il n'aimait pas de surprendre à cet exercice d'imagination... Surtout quand celui-ci le mettait face à une question qui l'angoissait encore plus : Et lui, comment il serait contraint de les faire ses gosses ? Il avala une grande lampée de bière pour chasser ces tristes pensées de son esprit. La chose ne fonctionnait qu'à moitié mais il savait s'en contenter...

-Pfff quelle vie de merde marmonna-t-il à l'adresse du liquide ambré qui le fixait au fond de son verre...

La foule était assez dense, les clients se pressaient autour du bar, parlaient fort autour des tables, se déhanchaient en trébuchant pour certains sur la minuscule "piste de danse"... Des tables et des chaises tirées pour laisser un peu d'espace, tout au plus... Mais l'ambiance qui régnait tout autour, malgré le bruit, l'odeur de transpiration mêlée à l'alcool, les gens qui se bousculent en gueulant plus fort que la musique, ne dérangeait pas Sølv outre mesure... Cependant il n'était pas encre en capacité d'analyser que ce qu'il voyait comme de la vie était en faite un lieu de reclus où le pire genre de l'espèce humaine se rassemblaient pour se saouler et s'encanailler. Il était encore un peu tôt pour que le "jeune" vampire puisse réellement s'en rendre compte...

Lui qui était habitué aux lieux calmes, qui justement n'aimait pas trop la foule, malpolie et toujours pressée, ne se sentait pas oppressé en cet instant. Peut-être était-ce la vie qui émanait de ce lieu et qui le fascinait drôlement mais, il affichait un fin sourire doux et franc.

Remettant ses longs cheveux qui lui tombaient sur les yeux en arrière, il trempa de nouveau ses lèvres dans son breuvage amer tout en continuant d'observer les différents groupes de personnes qui évoluaient dans la salle. Parce que oui, chaque humain présent ici allait minimum par paire... Et même lorsqu'il ou elle semblait seul, une autre ou plusieurs autres personnes le rejoignaient rapidement.

Ça va pas être facile d'en aborder un... se dit le vampire

Pourtant, au même moment ses yeux se posèrent sur un homme, seul, installé à une table, un peu en retrait de l'agitation, les yeux rivés sur sa boisson, apparemment la même que Sølv, et qui semblait plongé dans ses pensées. Le regard vert se fixa alors sur cet homme et ne cillèrent plus du tout alors que le vampire était déconcerté par l'étrangeté du physique de l'inconnu.

Le visage complètement caché car regardant vers la table, Sølv ne pouvait véritablement voir qu'une épaisse touffe de cheveux, blonds, châtain, brun clair, il n'arrivait pas à en définir l'exacte couleur. Mais ce qui l'intriguait le plus était sa façon de se tenir, ainsi voûté comme un papy... Même Beth ne se tenait pas ainsi. Penchant un peu la tête sur le côté, Sølv jeta un coup d’œil sous la table et arqua un sourcil en découvrant de si longues jambes. Cet homme devait sans aucun doute être plus grand que lui... Était-ce pour cela qu'il se tenait ainsi... ? Et quel était exactement cette chose informe qui lui tenait lieu de tee-shirt... ? Edmond pouvait bien faire la morale à Sølv quant à son look mais, pour cet homme là c'était bien pire... Même le vampire s'en rendait compte.

Buvant une nouvelle gorgée de sa bière, il répondit à son instinct qui lui dictait de s'approcher de l'homme. Et lorsqu'il fut à moins de dix pas, qu'il commençait à entrer dans la sphère de ce type qui l'intriguait, son nez capta une étrange effluve qui lui fit froncer légèrement les sourcils.

Inspirant profondément tout en continuant d'avancer, juste un peu plus lentement, sa mémoire olfactive se réveilla et envoya plusieurs images à son cerveau. D'énormes créatures lupoïdes, aux dents et griffes acérées comme des lames de rasoirs, aux babines blanchies par la salive, les pupilles injectée de rage...

En cet instant Sølv était bien incapable de comprendre d'où lui venait ses images mais, une chose était sûre, il venait de vivre un flash-back... Cillant, plutôt interdit, il s'était arrêté dans son avancée. Il lui fallut quelques secondes pour reprendre ses esprits et, malgré cette odeur qui était ni vraiment agréable ni vraiment mauvaise, recommença à avancer vers cet homme qu'il venait d'identifier comme un loup-garou.

- Bonsoir, t'es un lycan ? C'est la première fois que j'en croise un, enfin, de ce que je peux me souvenir... J'peux m'asseoir ? lâcha-t-il sans préambule, avec sa nonchalance habituelle et sa spontanéité de "nouveau-né"

Il n'y avait aucune animosité dans sa voix, ni aucune appréhension. Pourquoi devrait-il... ? Certes, il savait leur deux races prises dans d'intestinales et ancestrales batailles mais, ça n'était pas la sienne à ce jour... Et puis, il était là pour faire des rencontres. Au moins, avec un lycan, il n'aurait pas à faire semblant et cacher sa vraie nature...

Plus que les bruits de pas, ce fut l'odeur, qui alerta le Lycan qu'il n'était plus seul. Fronçant les sourcils, il releva la truffe vers le visiteur au moment même où celui-ci lui demander, dans le plus grand des calme :
Bonsoir, t'es un lycan ? C'est la première fois que j'en croise un, enfin, de ce que je peux me souvenir... J'peux m'asseoir ?
 

Les yeux ternes du lycan s'ouvrirent tout grands sous l'effet de la surprise. On ne l'avait jamais abordé aussi directement dans un lieu publique. Pendant un court instant, Zito posa sur sa bière un regard suspect : et si cet être filiforme aux goûts capillaires douteux n'était qu'une illusion due à l'alcool ? C'était peu probable, pas après un seul verre... Reportant son regard sur l'homme, il s'entendit répondre, prudent :

-C'est vrai que... Il m'arrive d'avoir quelques... petits problèmes de poils...

Fronçant la truffe, Zito tourna la tête et inspecta les lieux, mais personne ne semblait s’intéresser à eux. Pourtant il continuait à trouver suspect que le vampire tente cette approche... Et si c'était un piège ? Les vampires avaient-ils un moyen de détecter qu'un lycan était esseulé, coupé de sa meute ? Allait-il mettre les pattes dans un truc très moche ?
Malgré cette appréhension, quelque chose chez l'être nocturne, l'incitait à baisser quelque peu sa garde : Ses yeux d'un vert profond qui n'exprimaient aucune animosité peut-être... Alors, après une hésitation Zito fit un geste du menton pour l'inviter à prendre place en face de lui. C'est alors qu'il remarqua que son visiteur avait aussi un verre : la chose surpris l'oméga qui de manqua pas de poser la question :

-Je croyais que vous vomissiez tout ce qui n'est pas du sang ? Pourquoi en acheter si c'est pour le dégueuler aussi sec ?

Petits problèmes de poils... ? répéta-t-il pour lui-même, un fin sourire amusé se dessinant sur ses lèvres

Son regard vert posé sur le visage à présent découvert du lycan, il observait l'étranger avec minutie. Simple curiosité intellectuelle alors que c'était la « première » fois qu'il rencontrait un loup-garou. Il s'attendait à voir une personne plutôt poilu, à la limite de l'hypertrichose. Hors face à lui il avait une personne imberbe, à la peau claire, aux cheveux fin et à part une cicatrice qui lui barrait le nez, aucun signe physique de ses transformations mensuelles.

S'asseyant après le geste de l'homme, il continuait de le fixer sans se douter le moins du monde qu'il puisse le mettre mal à l'aise. Il n'avait pas non plus remarqué les regards inquisiteurs que le loup avait posé autour d'eux. Sølv était encore bien loin d'avoir une analyse aussi fine...

Buvant une nouvelle gorgée de bière, il se mit à sourire à la question de l'homme.

- On vomi pas aussi vite, et à part des livres je n'achète rien alors j'peux me payer une bière à 2£... Et puis, ça a plutôt bon goût. J'te préviendrais quand j'aurais envie de dégueuler, tu peux chronométrer si tu veux. fit-il dans un sourire amusé Et toi, tu te rases tous les matins ou t'as naturellement pas de poils...? ajouta-t-il avec sa curiosité enfantine naturelle en faisant un signe de son doigt pointé sur son propre visage, miment une barbe

Le vampire ne s'inquiétait jamais de sa manière d'aborder les choses et gardait son ton naturel pour le moins déconcertant aux non habitués ou non prévenus. Mais peu importait Sølv, il avait pour le moment d'autres choses à apprendre que la bienséance. Et en cet instant, il voulait en apprendre d'avantage sur le lycan et son ancestrale race...

La grise-sangsue prit place en face de Zito, alors que celui-ci n'était toujours pas sûr que ce soit une excellente idée. Une partie de lui se rappelait que trop bien les "cours" que sa meute lui avait donné sur les vampires... Si Duncan, son alpha, avait été là, dans ce bar, le vampire n'aurait tout simplement pas pu s'approcher aussi près du loup.. Mais Duncan n'était pas là et Zito se sentait d'humeur curieuse. Un sentiment étrange lui secouait les tripes, celui-là même que l'on ressent quand on fait quelque chose dont on sait pertinemment qu'elle serait désapprouvé par ses proches. Cette contraction stomacale n'était pourtant pas si désagréable, Zito devait se l'avouer et c'était justement pour la ressentir qu'il avait laissé le vampire s'assoir en face de lui. Celui-ci semblait d'ailleurs totalement détendu. Il répondit sans complexe à la question du loup :
" J'te préviendrais quand j'aurais envie de dégueuler, tu peux chronométrer si tu veux"

Si la chose avait été dite sur le ton de l'humour, le lycan était bel et bien curieux de savoir comment le procédé marchait : Il n'y avait jamais assisté et poser des questions sur les vampires étaient quelque chose qu'il avait rapidement appris à ne PAS faire... Alors, discrètement, il jeta un coup d’œil à sa montre et mémorisa l'heure. Et puis, comme si ils avaient implicitement commencé un jeu de gosse, type question-réponse, le vampire posa une autre question. Cette fois, Zito s'autorisa un sourire... Ce vieux cliché des loups poilus.

-Je me rase tous les matins, mais y'a jamais grand chose à raser si tu veux vraiment le savoir. Mes poils et les problèmes qui vont avec, c'est surtout quand je me décide à montrer l'autre face de ma personnalité.

En répondant, Zito se rendait compte que cette conversation était des plus étranges : Etait-il vraiment en train "d'éduquer" un vampire sur la nature de Lycan ...? A bien y repensé, Zito aurait cru que les vampires étaient au courant de ce genre de chose. Pourquoi celui-ci ne l'était pas ? Etait-il un "jeune vampire"... ? En le regardant, le lycan était incapable d'estimer son âge et la curiosité candide dont il faisait preuve n'aidait en rien, alors, il se décida à poser la question.  

-Dis-moi, tu as combien de zéro à ton compteur d'année pour que je sois le premier poilu que tu abordes ?
Parce que les loups étaient rares, mais pas à ce point... Sauf si le vampire venait de naître, alors il avait sûrement appris pour les autres races en même temps... Peut-être même n'avait-il aucune idée de la rivalité ancestrale qui animait les deux races...

Bien à l'aise dans la chaise étonnamment confortable, merci les accoudoirs sans doute, le vampire continuait de fixer le loup qu'il trouvait vraiment indiscernable d'un humain lambda. Si ce n'était son odeur, bien plus prononcée qu'un simple humain.

- Toi au moins tu as de quoi raser, mon ancienne nature humaine devait être sacrément glabre... A part mes cheveux et un peu à l'entre jambe je n'ai aucun poils nulle part... Bon les sourcils ça compte pas... dit-il avec un naturel pour le moins déconcertant, abordant des parties de son corps pour le moins intime J'pense que mes cheveux ont pris toute la kératine et le capital pileux disponible dans mes gènes...! ajouta-t-il dans un léger rire, ramenant en avant et d'un seul côté sa longue chevelure blanche et brillante

Il fallait l'avouer mais, Sølv aurait bien aimé avoir une barbe. Épaisse, drue, broussailleuse et bien fournie. Il aurait put s'amuser à la tresser, a y mettre des perles taillée dans de l'os, à ressembler un peu plus à ce que ses origines prétendent de lui.

Un viking, mais bien sûr... ! Ça n'était pas parce que Georges et Edmond l'avait trouvé terré dans les terres du nord-nord de la Norvège qu'il était forcément un de ces ancestrales guerriers... Bon ok, il avait des runes viking encrées sur le torse et le dos... Mais cette culture faisait toujours partie de ce pays, encore aujourd'hui, donc ça ne prouvait rien... Et alors que le vampire se perdait dans les méandres nébuleuses de ses sempiternelles questions, le lycan le ramena à la réalité en mettant carrément les pieds dans le plat.

Cillant, Sølv mit quelques secondes avant de réellement intégrer la question. Haussant finalement les épaules, il prit une gorgée de bière, dans un réflexe humain de besoin de reprendre contenance.

- Aucune idée... Au moins 2 voir 300... Enfin, deux zéros quoi... répondit-il pour le moins perplexe, une expression presque triste s'étant soudainement affichée sur son visage Mais si un humain demande je répond 30 ans, j'pense que ça correspond à l'âge que j'avais humain lors de mon étreinte...

Pour le moins perturbé par cet échange, il posa instinctivement sa main sur son ventre et y contracta ses doigts, sentant ses abdominaux faire de même alors qu'il entendait le glapissement plaintif de sa Bête. Mais cette dernière ne se manifesta pas outre mesure, comme si elle avait simplement signifié sa compassion au vampire... C'était bien la première fois qu'il ressentait pareil chose, « échange » avec son entité animale... S'en était presque touchant, mais surtout à creuser.

Reprenant contenance, il releva ses yeux verts et esquissa un sourire au lycan.

- Celui qui m'a trouvé m'a nommé «  Sølv », ou « Silver » si tu préfère, à cause de mes cheveux. Mais je ne connais pas mon vrai nom. J'étais presque perdu, réduit à l'état de bête mais il m'a, enfin, ils m'ont "sauvé". joignant le geste à la parole il avait fait le signe des guillemets avec ses doigts lorsqu'il avait prononcé le mot « sauvé »

C'était pour le moins très atypique pour le vampire de se confier ainsi mais, étrangement il n'en ressentait aucune gène, les mots venant même très naturellement. C'était pourtant une part de lui dont il détestait parler. Mais, peut-être était-ce le fait d'être en présence d'un être tout aussi surnaturel que lui, connaissant sa vraie nature mais n'ayant aucun a priori quant à la teneur de sa dite « vie »...

- Et toi, quelle belle bagarre t'as valu cette cicatrice ? demanda-t-il assez rapidement, ne voulant pas trop s'éterniser sur la question de ses origines, tout en pointant du doigt le nez balafré de son interlocuteur

" A part mes cheveux et un peu à l'entre jambe je n'ai aucun poils nulle part... Bon les sourcils ça compte pas... "

En parlant de sourcils, Zito haussa les siens en entendant de telles révélations. Ok, donc il venait d'apprendre que le vampire avait plus de poils aux couilles qu'au menton... C'était franchement le genre d'information dont il se serait totalement passé, mais le dents-longues n'avait pas l'air d'être très pudique. Zito devrait s'en souvenir à l'avenir, cela lui éviterait vraisemblablement quelque petites surprises... Si le lycan fut perturbé par ces confidences, il ne fut pas le seul à exprimer un certain malaise, car le vampire, déjà très pâle, perdit encre en teinte à la question que Zito avait posé. Merde... Apparemment le lycan avait fait une boulette... Le con. Ça se faisait pas d'interroger un vampire sur son age, c'est ça ? Comme pour les femmes, parce c'était mal polie. Merde, il ne savait pas. Visiblement, l'autre essayait quand même de garder consistance, mais Zito vit rapidement une aura de mélancolie l'entourer*. C'était discret, mais bien présent. Deuxième leçon pour le louveteau : pas de questions sur le passé... Fallait dire que du peu que le Vampire lui exposa, le lycan entrevoyait déjà la sombre histoire qu'il y avait là... Un passé morcelé, des instants dérobés par le temps, les années qui effacent les souvenirs, bons comme mauvais... Mis mal à l'aise par ces nouvelles révélations, Zito s'agita sur sa chaise. Il ne parvenait pas à s'empêcher d'essayer d'imaginer comment on pouvait vivre un tel déracinement. Lui avait déjà du mal à vivre avec la certitude qu'il ne connaîtrait jamais père, comment aurait-il pu supporter le fait de ne plus s'en souvenir du tout ? Et c'était quoi le pire : avoir un prénom de merde, ou ne plus en avoir du tout ? Désolé d'avoir posé la mauvaise question, Zito plongea la truffe vers son verre. Sølv quand à lui, ne se formalisa pas plus que cela, car déjà, il poursuivait le "jeu", en posant une question à son tour. Se passant la main sur la dite-cicatrice, le lycan grimaça comme au rappel d'un souvenir douloureux :

-Ça ? C'était pas une bagarre. Je suis tombé sur une table étant petit. Expliqua-t-il avant de réaliser que c'était là la fausse version. Celle qu'il desservait aux humains trop curieux. Une version qu'il invoquait si souvent, qu'il avait presque failli en oublier la vraie. Il avait presque l'impression qu'en fermant les yeux, il se voyait basculer sur une table basse. Il l'imaginait même en bois clair... Mais ce souvenir n'en était pas un. Cette scène n'avait jamais existé. Son cerveau le trompait et retrouver le véritable souvenir demanda à Zito un effort certain.

-Ah non... C'est vrai. Toi je peux te donner la vraie raison... Désolé, je peux pas en parler normalement alors j'ai l'habitude de sortir la version "light". En fait c'était bien une bagarre... Parfois, quand on est ensemble avec les miens, on tendance à "jouer" un peu fort, si tu vois ce que je veux dire. J'ai pris un coup en essayer de séparer deux des miens. J'ai eu de la chance de m'en sortir qu'avec cette petite cicatrice, parce que sur le coup, c'était pas très beau à voir...

Sur son muffle de lycan, la blessure n'avait été qu'une petite griffure... Une fois repassé en forme humain, ça n'avait plus eu l'air aussi anodin... Haussant les épaules, comme pour dédramatisé, il avala une nouvelle gorgée avant de poursuivre :

-Dans ma "famille", on a un belle collection de bourrus. Alors ça arrive plutôt souvent ce genre d'incident. Et assez rapidement...  

Un vague sourire, un peu soulagé de pouvoir parler de ça sans se cacher, puis il ajouta :

-Au fait Sølv, moi c'est Zackarito Fox. Mais appelle moi Zito, je préfère...  

Au dessus de la table, le lycan tendit la main vers le vampire pour lui proposer une poignée de main de salutation. Pour un tel geste : Duncan lui aurait probablement broyé le poignet, pour lui apprendre à ne pas toucher a des " trucs sales ". Alors, libre de pouvoir le faire, Zito se sentait agréablement puissant.

-Je peux me permettre de te demander ce que tu fais dans ce bar à cette heure, à recherche la compagnie d'un gars comme moi ?

Une infime partie du Lycan avait hésité à poser cette question... Le vampire était peut-être venu pour se nourrir... Et peut-être même de son sang à lui... Et si tout cela n'était qu'une diversion pour l'intégrer à son troupeau ? Un Vampire pouvait-il d'ailleurs, intégrer un lycan à son bétail ?

La première explication du loup donna au vampire la sensation étrange que ça n'était pas la vérité. Comment un homme aux réflexes aussi aiguisés qu'une bête sauvage aurait-il pu se blesser en tombant négligemment... ? Même s'il était enfant... Aussi ne put-il s'empêcher de sourire en entendant la vraie version.

- Drôle de manière de jouer, c'est mieux les cartes quand même. dit-il d'un ton légèrement moqueur T'as pas l'air de faire partie de cette catégorie toi en tout cas, t'as plus l'air gaulé comme un cure-dent... ajouta-t-il Comme moi en faite. [/i]précisa-t-il tout de même car il ne voulait surtout pas que le loup prenne ses paroles pour une insulte[/i]

Avalant une nouvelle gorgée de bière il faillit avaler de travers en entendant la suite des paroles du dit « Zito ».

- « Renard »... ? Sérieux... ? Tes ancêtres s'appelaient « loup » mais c'était trop cliché alors ils ont changé pour « renard »... ?

Et il se retenait de rire. Non mais, sans dèc', un lycan dont le nom de famille est « renard » ?! C'était comme si lui s'appelait « chauve-souris » ou « moustique »...

- Enfin tu me dira, ajouta-t-il rapidement mon nom de famille c'est « Jeger », enfin, « Hunter » en anglais... Tout aussi risible... Juste parce ce que j'ai été trouvé par une famille de hunter.

C'est vrai qu'il n'était pas mieux loti en matière de nom de famille, même si ça n'était pas son véritable, aujourd'hui c'était son nom et il s'y était habitué.

- Il est chouette ton prénom, c'est original, ça fait gypsy.

Et le peuple gitan avait une très belle culture que le vampire avait découvert d'ailleurs assez récemment avec plaisir. Surtout sa musique, très dansante et entraînante, lui dont le corps était pour le moins naturellement crispé arrivait à se détendre aux rythmes endiablés de guitare gitane. Mais bon, là n'était pas la question, même si cette pensée avait finie par détendre à nouveau et complètement Sølv.

- J'te cherchais pas, pourquoi tu dis ça ? répondit-il en premier lieu à sa question, lui pour qui d'autres degrés que le premier n'étaient pas encore à l'ordre du jour* Je viens juste m’acclimater aux coutumes et pratiques humaines... Mais c'est plus facile de parler à quelqu'un de mon monde qu'à un humain normal, et puis j'ai jamais parlé à un loup-garou alors pourquoi pas...? souriant légèrement, il but une nouvelle gorgée de bière Et toi, t'as déjà discuté avec un vampire ?

" t'as plus l'air gaulé comme un cure-dent..."

Le qualificatif piqua quelque peu le lycan. Pourtant, il devait bien l’avouer : c’était vrai… Même avec sa pratique de la boxe, il n’avait pas l’allure d’un athlète et n’avait jamais fait l’effort pour l’atteindre. Sans oublier sa grande taille et ses épaules courbées qui lui donnaient plus l’allure d’une asperge en  plasmolyse que d’un chêne triomphant... Comme quoi : la génétique ne faisait pas tout.
Avalant le reste de sa bière d’une longue gorgée, Zito fut surpris de voir le vampire s’amuser à ce point de son nom.
" « Renard »... ? Sérieux... ? Tes ancêtres s'appelaient « loup » mais c'était trop cliché alors ils ont changé pour « renard »... ?

Reposant le verre sur la table il haussa les épaules  pour commenter :
 
-J’en sais foutre rien. Peut-être que c’était pour rester discret…   Mais c’est vrai que pour le coup, Sølv ne pouvait pas vraiment se moquer : « Jeger », soit « Hunter » en anglais ça manquait pas mal d’imagination !
Pendant que le vampire passait à côté de l’expression que le lycan avait employé, celui-ci fit signe au barmaid de lui apporter une autre bière.

-Chercher la compagnie de quelqu’un ; c’est une expression. Tu connais pas ?    
Petit instant d’attente, puis ne souhaitant pas mettre le vampire face à son ignorance - elle était peut-être due à son long « sommeil »- le lycan lui fit signe de passer outre :

-Laisse tomber, s’pa grave.
En tout cas, il était sacrément rassuré que le vampire soit pas venir se nourri, cela aurait donné un tout autre tournant à cette rencontre...
Sa nouvelle bière arriva et il attendit que l’homme soit assez loin pour répondre aux interrogations de Sølv quand à la régularité de ses rencontres avec les sangsues. .

-Pour être honnête : non, pas vraiment...
Il était un peu gêné de dire cela, mais l’alcool l’aidait à être plus naturel :

-Je vais être franc : si mon alpha me prenait en train de partager une bière avec quelqu’un comme toi : je me prendrais sûrement la rouste de ma vie… Ma « famille », n’est pas la plus ouverte sur ce genre d’échange… Les tiens n’en sont pas très friands aussi de ce que j’ai compris… Paraîtrait que nôtre odeur de chien macéré vous rebute.  
Annonçant la chose, il avala une nouvelle rasade avec un petit sourire presque attristé de par constat.

Rester discret, c'était l'expression qu'il cherchait mais bon, quand on fait quasiment deux mètres et qu'on se balade en groupe on a peu de chance de rester discret... En tout cas c'était l'une des rares choses que savait le vampire à propos des lycans : ils étaient tous immenses. Nom de famille échangé ou non... Et il était, il le savait pertinemment, exactement dans le même cas rien qu'à ses caractéristiques physiques presque ostentatoires pour des humains... Enfin, il y travaillait petit bout par petit bout...Il avait fait l'effort de mettre un jean ce soir, quand même...!

Haussant simplement les épaules à l'explication de l'expression, il ne se fourvoyait pas de ses lacunes. Il savait en avoir beaucoup et celle qu'il venait de faire ne sera sans doute pas la dernière de leur échange. Jetant un regard au serveur que le loup avait appelé, il fit un signe de négation quand ce dernier lui demanda s'il voulait lui aussi reprendre un verre.

Il repris d'ailleurs une gorgée de la liqueur ambrée alors que Zackarito lui expliquait que, non, il ne parlait jamais aux vampires et qu'il se prendrait une rouste si son «alpha» l'apprenait.

- Ton quoi...? demanda le vampire peut au faite des us et coutumes lycanes en matière de meute

Il fallait dire que depuis qu'il avait retrouvé sa lucidité il s'était plus intéressé aux humains qu'aux loups. Disons qu'un humain était plus facile à approcher qu'un loup-garou, vu ce qu'il pouvait entendre sur ces créatures... Mais ce «zigoto» là n'y ressemblait pas vraiment pour l'instant.

- Oui, il parait, c'est ce qu'on m'a enseigné en tout cas... répondit-il quant au fait que vampires et loups ne s'apprécient gère en général Et pour l'odeur, c'est vrai, tu pues mais, tu m'intriguais trop. J'croyais que les loups se baladaient toujours en meute mais toi tu étais tout seul. ajouta-t-il Et puis tu sais, pour votre odeur, chuis mort alors j'ai pas besoin de respirer. J'inspire et j'expire juste par la bouche parce que sans air passant dans mes cordes vocales j'pourrais pas causer mais, chuis pas obligé d'utiliser mon nez... Même si j'ai quelques relents de «chien macéré» comme tu dis, c'est bien moindre que quand je t'ai senti tout à l'heure.

Avalant une nouvelle gorgée de bière, il se rendit compte en même temps que le fait d'avoir ce liquide passant sur ses papilles aidait aussi à masquer le «goût de l'odeur» du loup. Mais bon, à la longue, pas sûr qu'il tienne non plus... Rien que d'en parler l'a fait inspirer une légère goulée d'air par le nez, histoire de «retester» cette odeur et il avait rapidement repris une gorgée de bière pour l’atténuer.

Il en avait même eu un haut le cœur et il se dit qu'il n'allait pas trop tarder à vomir... Mieux valait ne plus inspirer du tout par le nez s'il voulait tenir encore un peu.

- Et moi je pue ? Avec ton nez bionique tu dois en sentir des trucs nan ? demanda-t-il sur le ton de l'humour, non sans une réelle curiosité scientifique

Trop habitué au vocabulaire lycan, Zito n'avait pas imaginé que son moribond compagnon ne puisse pas s'y retrouver aussi. Heureusement, celui-ci ne semblait pas du tout complexé par son ignorance et n'hésitait pas à la signaler si bien que le lycan pu, avec patience, lui préciser la signification du terme "alpha".  
 
-Mon "chef" si tu préfères. 

La suite de l'échange était bien plus intéressante. Pour une raison qu'il avait encore du mal à s'avouer Zito voulait connaître la position du vampire dans le "conflit" qui opposait leur races respectives...  
"Oui, il parait, c'est ce qu'on m'a enseigné en tout cas"


Un sourire imperceptible détendit les lèvres du lycan à cette remarque, mais le vampire avait encore des choses à dire ...  
" Et pour l'odeur, c'est vrai, tu pues mais, tu m'intriguais trop."

Cette fois, à sa propre surprise, ce fut un rire s'échappa des lèvres du loup : un éclat bref comme l’aboiement d'un chien, mais diablement libérateur. Zito avait presque oublié cette sensation... Pendant quelque seconde il redécouvrit ce plaisir perdu... Puis il reporta sur son compagnon un regard neuf. Il venait de comprendre pourquoi le vampire lui avait inspiré confiance : c'était à cause de sa franchise... Presque celle d'un enfant. Difficile, devait tant d'honnêteté, de se sentir menacé. Une partie de lycan, pourtant, persistait à le mettre en garde : En chaque vampire sommeillait un monstre. Et celui-ci ne faisait pas exception à la règle. Lui même l'avait confessé. Mais avec un geste décidé Zito noya les rappels prudents de cette voix insidieuse dans une nouvelle lampée de bière. L'alcool commençait à faire son effet, et Zito avait presque perdu l'ombre morose qui planait normalement sur son visage.
" Et moi je pue ?"
     

-Franchement, désolé de te dire ça, mais j'ai oublié des plats au thon pendant trois semaines qui fleuraient meilleur que toi... Mais, heureusement, mon nez n'est pas aussi sensible que celui d'un vrai canidé. Du moins sous ma forme humaine... tu sens "mauvais" mais pas si fort que ça. C'est pas pire que de se retrouver à côté d'un mec suant dans le métro.     
Dédramatisa-t-il en haussant les épaules. Remarquant le léger malaise du vampire quand celui-ci avait inspiré, Zito s'inquiéta quand même :

-C'est la bière qui commence à te rester su l'estomac ou ça vient de mon odeur ? Tu sais... des fois je déteste ma condition... Mais au moins je peux profiter d'une bonne bière... Toi tu peux même pas... Ça doit vraiment pas être si facile.
Commenta-t-il avec une compassion qu'il n'aurait pas cru ressentir un jour pour un suceur de sang...

-Remarque : vous devez avoir certains avantages... la cicatrisation par exemple... ça c'est cool... Si je pouvais faire disparaître certaines cicatrices, perso je dirai pas non...
Ajouta-t-il pensif, alors que dans un geste discret, il effleurait les cicatrices qu'il avait aux poignets. Il existait bien des interventions aux lasers, mais elles coûtaient trop chères pour qu'il puisse se les offrir...

Sølv senti ses lèvres s'étirer dans un sourire franc sincère lorsqu'il entendit le rire du loup. Il ne voyait pas vraiment ce qu'il y avait de drôle mais son visage avait réagit de manière instinctive, d'où son sourire. Reposant sa bière, il garda un peu de liquide dans sa bouche, en tapissant son palais de sa langue pour faire passer l'odeur qu'il avait dans le nez tandis que Zackarito lui répondait. Et il ne pu que garder son sourire en l'écoutant. Surtout en pensant que pour sa part, le lycan puait bien plus qu'un plat de poisson oublié plusieurs jours...

Une question vînt alors à l'esprit du vampire : pourquoi donc leur deux races étaient-elles ennemies...? Était-ce le simple fait de dame nature qui avait créé un prédateur aux prédateurs..? Mais, si les lycans étaient ceux des vampires, qui pouvaient alors les repérer et s'en prévenir par leur odeur, qui étaient ceux des lycans...?

Un peu perdu dans ses pensées d'érudit en devenir, il trouva pourtant assez rapidement sa réponse, se disant tout bêtement qu'humains, loups et vampires formaient une triade à quatre entrées plutôt intéressante à creuser... Mais, ça n'était ni le lieu ni le moment.

Se remettant dans la conversation, dont il n'avait heureusement pas trop perdu le fil, il avala sa gorgée et haussa les épaules.

- On peut boire et manger, mais, on ne l'assimile pas alors on le rejette... dit-il tout naturellement Je connais un vampire qui adore aller au restaurent, il n'a jamais pu se défaire du plaisir de manger et de boire de bonnes choses... c'était bien sûr Edmond Il va juste tout vomir après. conclu-t-il en haussant les épaules

Il s'était toujours demandé pourquoi Edmond avait gardé cette «habitude»... Il était allé une fois avec eux, entendons par là Edmond et Beth, mais n'avait pu passer au plat principal. L'entrée avait été bien trop lourde pour son estomac mine de rien «non habitué» à recevoir autre chose que du sang. Ou plus habitué... Enfin, il n'avait pas réitéré l'expérience mais ce soir c'était différent et puis,une bière, c'était bien léger comparé à des canapé au foie gras...!

Non mais, quelle idée aussi... se dit-il à lui-même

- Mais, pour ma part, je préfère me contenter de liquide, de temps à autre... ajouta-t-il en souriant Et ça m'aide à supporter ton odeur, je l'avoue... autant rester franc

Reprenant une gorgée de la dite bière, son regard se porta sur l'attitude soudainement bien trop solennelle du loup. Arquant un sourcil, ses yeux parcoururent l'intégralité du peu de peau visible de son vis-à-vis. Outre la belle griffure, maintenant il savait que s'en était une, sur son nez, il n'avait pas d'autre cicatrices visibles... Jusqu'à ce que ses prunelles sylvainnes se posent sur les poignets que le loup était en train de tripoter machinalement.

- ... Tu as voulu te tuer ? lâcha-t-il comme une bombe, sans penser un seul instant à la portée de sa question

Sølv, contrairement à Zito, ne semblait pas si mal vivre (enfin, façon de parler, pour un mort vivant) le fait de ne plus pouvoir se sustenter de matières organiques autre que du sang. Il avait une façon bien plus positive que celle de Zito de voir la chose… Heureusement pour lui : cela devait l’aider au quotidien. Le lycan arrivait presque à lui trouver de la sagesse. Et puis, fidèle à l’image qu’il avait montré jusque là,  Sølv pose LA question. Celle que beaucoup se posent en voyant les poignets de Zito mais que rarement ils osent poser à voix haute:
Tu as voulu te tuer ?

Le lycan s’autorise un sourire cynique :

-Je vais avoir du mal à faire passer ça, il caresse les traces blafardes et bourssouflées qui marquent le creux de ses poignets, pour un loupé de rasage.
Une nouvelle gorgée de bière.

-Donc pour te répondre : oui je me suis ouvert les veines : Erreur d’adolescence. On fait tous nos conneries... Explique-t-il. Une “erreur de parcours” c’est toujours comme ça que Duncan a qualifié la chose. Parce que oui, qu’est ce que ça pourrait être d’autre ? Pourquoi vouloir se suicider quand on est le plus fort des prédateurs ? Un bouffeur de viande par excellences, carburant à 5 saucissons et charcuteries par jours, terrifiant même les suceurs de sang ? On peut pas vouloir mourir quand on incarne un tel rôle… Zito, à force de l’écouter, a fini par y croire un peu : que tout cela n’était qu’une erreur et que finalement, le souhait d’en finir n’était pas réel, qu’il n’était que l’effet pervers d’une adolescence chargé d’hormones. Mais parfois, lorsqu’il est seul : il entend de nouveau les cris de Nelïya. Les cris bestiaux que lui a arraché sa première lune. La douleur qu’ils portaient. L’agonie à laquelle ils l’ont condamné… Une nouvelle longue gorgée de bière et il repose son verre un peu brusquement.

-J’ai pas trop envie d’en parler. Surtout pas envie d’y penser.

-Ca risque de pourrir l’ambiance… Alors si on parlait d’autre chose ? Tiens, mon chère Sølv, et si tu me disais dans quoi tu bosses ? On bosse dans quoi quand on est un vampire ?  

Restant bien droit dans sa chaise, ses bras campés sur les accoudoirs, ses yeux brillants fixaient l'homme face à lui alors que son visage avait perdu toute expression. Ou plutôt avait retrouvé sa neutralité impartiale d'observateur intrigué... Même son étrange sourire avait disparu. Scrutant donc le lycan, son esprit en continuel apprentissage s'accaparait des moindres réaction physique : expression, bruit, mouvement corporel. Après tout, il venait de poser une question des plus indiscrètes et d'une manière bien trop directe pour la plupart des personnes. Mais apparemment pas pour Zackarito Fox.

Ne le lâchant pas des yeux pour autant, comme figé dans le temps et l'espace, Sølv écoutait les paroles du loup sans sourciller. Il ne comprit pas cette histoire d'accident de rasage mais ne s'en formalisa pas, trouva étrange le sourire qu'il afficha, tiqua sur l'expression «erreur de jeunesse», le vit prendre une longue gorgée de bière comme un assoiffé qui sort enfin d'un désert puis entendit sans sursauter pour autant le brusque bruit du verre qui cogne sur le bois, compris sans besoin de plus d'explications qu'il ne veuille pas en parler, nota une nouvelle expression qu'il ne comprenait pas alors que «l'ambiance» était déjà «pourrie» par leur odeur et ce depuis qu'ils avaient commencé à parler et ne put qu'arquer un sourcil et sentir ses lèvres s'étirer dans un sourire amusé de son habileté à changer le sujet. Enfin, par habileté Sølv pensait surtout «donc quand on aime pas un sujet de conversation il faut juste en changer...»

Oui, en quelques secondes le vampire ancestral mais nouveau-né avait après quelques trucs sur la nature humaine. Pas des plus plaisant mais, peut-être que ça lui éviterait de refaire la gaffe... Ou pas.

- Hum, le sens de tes cicatrices montrent déjà ton erreur. C'est du poignet en remontant le long du bras qu'il faut faire pour s'exsanguer, là tu t'es juste joliment scarifié. dit-il pour clore le débat d'une manière scientifique

Merci Beth et ses cours d'anatomies... Très utile...

- Oh, on peut tout faire comme vampire dans une ville sans soleil comme Londres...! continua-t-il sans plus épiloguer sur la tentative de suicide du loup Moi je suis un simple bibliothécaire. répondit-il, tout de même pas assez simplet pour révéler qu'il faisait parti d'une des plus grandes sociétés vampiriques du monde C'était tout ce que j'ai pu faire après mon... "réveil"... ses prunelles vertes s'encrèrent dans celles presque mordorées du loup Moi aussi j'ai ma part d'ombre, mais je n'ai aucune cicatrice pour me donner de piste.

Et c'était vrai. S'il avait eu ne serait-ce qu'une seule cicatrice il aurait su qu'il avait réellement eu une histoire, qu'il n'était pas juste «né» dans la sombre cave où il a été trouvé. Peut-être aurait-il eu des souvenirs autour de cette cicatrice, peut-être saurait-il un peu mieux qui il est... Mais un vampire a cette faculté à cicatriser sans ne laisser aucune marque. Pas même celles de sa vie d'humain.

Ne lâchant pas son vis-à-vis du regard, sa main s'était posée sur son verre et le faisait tourner machinalement entre ses doigts sans vraiment s'en rendre compte. Il était perdu dans ses pensées et les yeux maussades face à lui ne l'aidait pas à sortir de sa torpeur.

"C'est du poignet en remontant le long du bras qu'il faut faire pour s'exsanguer, là tu t'es juste joliment scarifié.."
Zito hausse les sourcils à la réflexion : Le vampire se fout de sa poire là , c’était ça ?! Ca ne pouvait être que ça … Qui lâche ça, comme ça ? Il faut beaucoup de culot pour placer une telle remarque ! A moins que ce soit une totale inconscience… Et d’ailleurs Zito aurait plutôt tendance à placer Sølv dans la deuxième catégorie… En le regardant, il ne peut pas s’empêcher de penser que, s’ils avaient dans une classe, le vampire aurait été parfait dans le rôle du gamin un peu bizarre, que les autres regardent de travers et évitent soigneusement. En fait, durant sa jeunesse, c’est le rôle que le lycan s’était réservé: Le solitaire un peu spécial. Mais peu d’ami : moins de mensonges, alors il y avait trouvé son compte… Mais, il fallait avouer que niveau bizarrerie, le vampire le détrôner et de loin.  Le lycan lui jeta le regard qu’il aurait réservé à une grenouille à laquelle une cinquième patte pousse : celui qui demande si il ne rêve pas, et qui lorsqu’il réalise que non, ne sait pas trop ce qu’il doit en penser... Mais l’hémovore n’a même pas trop l’air de trop s’en émouvoir… Son regard témoigne plutôt d’une réflexion lointaine qui laisse aussi le lycan muet. Une colonie d’anges passe, avant que Zito finisse par lever son verre, et se décide à briser le silence :  
   
-Tu sais ce qu’on dit Sølv : Peut importe d’où tu viens, l’important c’est où tu vas.

Pour qu’il s’essaye ainsi à la “philosophie”, c’est que lycan a atteint le nombre de bières, qui, avec le ventre vide, lui donne l’illusion de comprendre de façon éclairée la complexité du monde...

-Bibliothécaire, c’est bien ça ! J’aime bien les livres. Moi j’en vend tu vois ! Bon, c’est de la littérature pour adolescent… Mais ça se lit, je t’assure. Si tu savais le nombre de conneries qui sont écrits sur nos races dans ces bouquins ! Les auteurs ont vraiment beaucoup d'imagination.   

Glousse-t-il en terminant son verre.

Totalement perdu dans le regard boisé de son vis-à-vis, Sølv ne se rendit pas compte que plusieurs minutes s'étaient égrainées avant que Zackarito ne se décide à rompre le silence. Si ce dernier avait peut-être gêné le loup, le vampire ne s'en était pas du tout rendu compte.

Aussi loin que remonte ses souvenirs, le plus ancien étant le sourire de Beth, Sølv restait persuadé de ne jamais avoir aussi longtemps plongé son regard dans un autre. Mais c'était moins perturbant que lorsqu'il s'agissait de regarder Edmond, ou même Beth... Et c'était plus facile de fixer le regard du loup que celui pourtant des plus amical de Shane. Peut-être était-ce parce qu'il n'y cherchait pas de réponse, qu'il n'y voyait pas de remontrance, qu'il regardait juste pour voir... Et que le loup ne s'en était pas formalisé ni n'avait brisé l'échange, lui aussi sans doute plongé dans ses pensées...

Pourtant, c'était bien ce regard mordoré qui avait fini par faire disparaitre les pensées mélancoliques du vampire. Peut-être parce que son regard était encore plus maussade que le sien... Peut-être parce qu'hormis la couleur, ses yeux n'étaient que le reflet des siens.

Toujours était-il que Sølv se sentait particulièrement serin en cet instant. Et qu'il cilla comme on sursaute lorsque le silence fut brisé.

- Mouais, je vais toujours au pif moi... répondit-il, ayant intégré l'expression d'approximation mais pas le figuré d'où aller...

Reprenant une gorgée de bière, il ne put s'empêcher de sourire en écoutant la suite des paroles.

- Ah oui, ça je connais... J'ai du rester enfermé quelques temps, au milieu du siècle dernier, et la seule chose que je pouvais faire était de lire. La littérature a beaucoup évoluée depuis, mais j'avoue que les romans du début du XXIème siècle me laisse toujours aussi perplexe... Mais bon, si je devais faire un choix je prendrais Harry Potter. Pas de vampire mais les lycans n'y sont pas des êtres forcément sanguinaires. D'ailleurs y'en a un qui te ressemble, un peu moins maussade peut-être... Même s'il meurt à la fin il a quand même réussi à trouver l'amour, il a même eu un enfant ! J'me demande si c'était un lycan aussi son gosse... Par contre, les vampires qui brillent, ça, c'est vraiment trop débile...! Même si les loup-garous sont pas mal dans cette histoire, j'ai pas accroché...

La conversation avait donc tournée sur un nouveau point commun entre les deux hommes. Même si les exemples du vampire n'avait rien de la grande littérature, au vu de l'âge du lycan, né après les années 2030 il va sans dire, Sølv ne pensait pas que Bram Stocker ou Alexandre Dumas allait lui parler... Il valait mieux donc parler de l'incontournable J.K. Rolling et de la plus commerciale Stephenie Meyer.

Le lycan ne dissimula pas sa surprise, il avait trop de bières dans le nez pour ça, lorsque Sølv amena la discussion sur les romans jeunesse. Ainsi donc, il n'était pas perdu tout ses souvenirs ! Abordant une position plus décontractée sur sa chaise, le lycan pencha la tête dans une attitude pensive :
   
-Tu trouves que Remus Lupin me ressemble ?

J.K.Rowling, après le succès de ses ouvrages, n'avait pas tardé à rentrer dans le "culture britannique". "Harry Potter" était devenu une pièce du patrimoine que beaucoup d'enseignants faisaient lire à leurs élèves. Zackarito n'y avait pas échappé.

-Je ne suis pas vraiment sur d'être flatté... On le décrit comme assez miteux.  

Commenta-t-il pensif.

-Et je ne suis pas d'accord avec toi, les vampires qui brillent, c'est pas si débile que ça. Ca a dû renouveler le style à l'époque. Tout le monde connaissait le classique "ils brûlent à la lumière". Changer ça c'était plutôt bien vu...   

Etant gérant du rayon "bit lit" Zackarito avait évidemment lu les œuvres de Meyer que l'on considéraient comme des précurseurs au genre. Il devait avouer qu'il n'avait pas tant que ça souffert de la lecture, mais que ce n'était pas ces livres là qui lui avaient vraiment appris à apprécier le style.

-Personnellement je trouve ça très amusant de lire ces choses dans les livres... Voir à quel moment ça se rapproche de notre réalité... Imaginer à quel moment la fiction serait plus appréciable et à quel moment elle serait plus pénible pour nous. Etre un lycan dans Harry Potter, par exemple : je passe mon tour. Mais dans Twilight, ça serait plus cool.  Mais si ça t'intéresse de savoir ce qui a pu être imaginé sur ce thème durant le dernier siècle, passe à la boutique. Trouves ça ironique si tu veux, mais ils m'ont mis à la gestion du rayon...  

- Tu es miteux toi aussi. répondit le vampire avec sa franchise habituelle Mais c'est quand même un compliment, il est génial ce personnage... Même vos noms se ressemblent ! Un prénom étrange, même si «Remus» est un personnage de la mythologie romaine, et un nom de famille qui rappelle à votre condition de lycan. Même si pour le coup son nom entier est carrément moins subtile que le tien ! Remus et son frère Romulus ont été élevé par une louve, «lupin» signifit «lupoïde», et c'est un loup-garou... ajouta-t-il non sans un sourire amusé au coin des lèvres

Totalement détendu, il avait oublié l'odeur et la bière qui començait à brasser dans son estomac. C'était très agréable de parler de choses aussi légères, pour une fois... Surtout avec un parfait étranger.

C'était donc ça l'échange humain...? Sølv trouvait ça vraiment agréable...

- Oui, les loup-garou sont absolument géniaux dans Twilight mais j'ai pas accroché aux vampires... Même si en effet, j'avais pas analyser le côté brillant comme un renouveau dans le style. Je trouve ça juste débile puisque, la vérité vraie est que l'ont brûle au soleil. Pourquoi chercher une autre version ? Plutôt changer les conneries à l'ail et au crucifix ouais... Et puis, n'importe qui meurt si on lui enfonce un pieux dans le cœur ou qu'on lui coupe la tête. reprenant une gorgée de bière, le vampire ne lâchait pas le loup des yeux Après, j'ai pas apprécier l'histoire non plus... Même si l'univers était bien tourné, l'histoire en elle-même m'a laissé froid. rare expression qu'il avait compris, intégré et qu'il utilisait alors qu'au tout début il la trouvait débile puisqu'un vampire est mort et donc forcément froid

Mais se fut surtout la fin des paroles de Zacharito qui retinrent le plus son attention.

- Ils t'ont confié le rayon vampires et loup-garou ? Sérieux ? un rire franc éclata au fond de sa gorge Et j'accepte l'invitation ! ajouta-t-il sans attendre, levant sa bière comme il avait vu faire des humains pour en finir les quatre dernières gorgées d'une traite

Et se furent celles de trop alors qu'il sentit très clairement une énorme bulle éclater dans son estomac, faisant remonter du liquide jusqu'à sa gorge, touchant presque sa glotte qui tressauta dans un réflexe émétique mais sans que rien ne sorte, pour le moment...

"Tu es miteux toi aussi"

-Hein ?! mais je suis pas miteux ! S'insurge le lycan bondissant presque sur sa chaise. Pourtant, lorsqu'il baisse les yeux sur sa tenue, cherchant à comprendre l'affirmation du vampire, il tombe sur un pull sans forme à la couleur passée et bien trop grand pour lui puis sur un pantalon assez vieux pour avoir été porté par Jésus lui-même, alors faut bien se rendre à l'évidence...

- C'est vrai que j'avais dit que je me referais une garde robe en arrivant sur Londres et que je l'ai toujours pas fait... Confesse-t-il, ne pouvant que reconnaître la validité de la remarque, quand à celle sur son prénom, le lycan ne peut pas s'empêcher de préciser :

-A choisir, j'aurais préféré m'appeler Remus...

C'est que "Zackarito" fallait se le porter ! Si le lycan savait une chose, c'est que si le jour venait d'avoir un enfant, il lui choisirait un VRAI prénom. Fallait pas déconner ! Ecoutant d'une oreille attentive l'argumentaire de son compagnon, le lycan lui offrit un sourire quand celui-ci accepta l'invitation. Rapidement, il griffonna sur une serviette de papier l'adresse du magasin :

-La boutique c'est "Le hamac". Si tu es curieux de savoir ce qui c'est fantasmé sur nous, je te conseillerais, un ou deux bouquins.

C'était peut-être l'un des aspects qui l'avait fortement attiré dans le style, c'était de savoir que dans certain univers alternatif, les lycans ou les vampires étaient la source de fantasme et rimaient avec classe et héroïque... D'ailleurs, Zito trouvait toujours un peu excitant de découvrir les visions différentes qu'avaient imaginé les humains sur le sujet. C'était presque cocasse de voir comment ils pouvaient imaginer la vie secrète et nocturne de ces créatures en ignorants leur réalité... Cela avait amené une question dans l'esprit du lycan : et s'ils n'étaient pas les seuls créatures à exister dans l'ombre ? Et si il y en avaient d'autres qui se cachaient en même temps des humains et d'eux ?

-Tu sais des fois quand je lis ce genre de fiction, en connaissant la réalité, j'en arrive à me demander si il n'existe pas un autre secret. Plus grand que nous... Imagines : si ça se trouve, les zombies aussi existent et se cachent !

Posant instinctivement une main sur son estomac qu'il sentait se contracter, le vampire ne put réprimer une grimace de malêtre. Absorbé qu'il était par cette désagréable sensation, il n'était plus très attentif aux dires de son vis-à-vis. Mais il en avait tout de même saisi suffisamment pour pouvoir reprendre la conversation...

- Je reviens...!

Enfin, après que son estomac se soit vidé...

Se levant précipitamment, il se dirigea d'un pas pressé vers les toilettes. Posant ses mains blanches sur le lavabo gisâtre, ses yeux envoyèrent à son cerveau le message que son estomac attendait depuis quelques minutes maintenant.

Il vomit donc, un liquide d'un couleur indescriptible, mélange de bière et de résidu de sang cailleux qui avait sans doute tapissé les parois de son estomac. Le gris lavabo se couvrit de cette substance et malheureusement, la pression du jet le fit se ricocher et la blanche tunique du vampire se vit tachée de l'infâme liquide, qui plus est mal odorant.

- Og dritt...!* lâcha-t-il dans sa langue natale sans réfléchir

Il lui fallut plusieurs minutes de plus, le temps de nettoyer le lavabo, puis de tremper entièrement sa chemise, essayant d'en faire partir la tache avec de l'eau, puisque le distributeur de savon était bien entendu vide,avant de pouvoir rejoindre le lycan. Sa tunique essorée autant que possible, il l'avait négligemment posée sur son épaule et était revenu s'asseoir face au loup, torse nu, imberbe comme précédemment avoué, son tatouage de rune viking guerrière au su et à la vue de tous. Sans parler du deuxième entre ses omoplates...

- Excuse moi, tu disais...? reprit-il l'air de rien, poussant du dos de la main son verre de bière vide mais dont l'odeur ne lui sied plus Ah oui, c'est vrai que c'est un beau prénom Remus, ça en impose... Le Hamac ? Drôle de nom pour une librairie.

Plongé dans une succinte réflexion, cherchant une potentielle explication quant à ce choix de nom pour une boutique de boukins, il se rendit rapidement à l'évidence qu'il n'avait pas encore toutes les subtilités de langages nécessaires à cette compréhension...

- Les zombies...? Bah, ils existent enfin...! lâcha-t-il comme une illumination soudaine

Brusquement le vampire se leva et Zito mit un instant à comprendre l’urgence qui poussait son compagnon de conversation à le quitter si rapidement. Lorsqu’enfin, il comprit, il s’empressa de jeter un coup d’œil à sa montre. Sølv  ne mit pas longtemps à revenir, mais dire qu’il avait meilleure mine aurait été un mensonge : il avait toujours la pâleur de sa race.

-1 heure et 4 minutes ! Annonça fièrement Zito. -C’est le temps que tu as mis avant de gerber. Précisa-t-il. Tu m’avais mis au défi de chronométrer...

Mais quand même, avec un délai aussi court entre le moment d’ingestion et le moment de rejet cela ne devait pas être très évident en société humaine… Devoir s’éclipser en toute discrétion ça devait être contraignant. A moins que les vampires n’usent de leur capacité à hypnotiser les gens pour les rendre insensibles à ce détail ? Zito ne voyait que cela.  
« Les zombies...? Bah, ils existent enfin...! »

Haussa les sourcils à l’affirmation, le lycan ne se priva pas pour marquer sa moquerie.
-L’acide gastrique t’es remonté au cerveau quand tu vomissais ou quoi ?! Les mangeurs de cervelles ça n’existent pas !

Fallait pas déconner, il avait dit ça pour rire… Car, sincèrement, envisager la chose lui collait tout simplement les miquettes !    

La sensation de sa tunique mouillée posée sur son épaule, de surcroit les gouttes d'eau rigolant sur son flanc eurent tôt fait d'enquiquiner le vampire. Aussi, alors que son vis-à-vis s'amusait de son temps d'ingestion, il ôta le tissu trempé et l'étendit sur le dossier de la chaise d'à côté.

- Normalement je tiens plus longtemps, mais désolé tu pues trop... répondit-il simplement sans épiloguer

Ses yeux verts revenant sur le loup, ses lèvres s'étirèrent de nouveau dans leur habituel sourire, mi-sincère mi-carnassier, tandis qu'il entendait la voix de Zackarito changer légèrement de ton en reparlant de zombie. Il n'était pas capable de dire de quel ton exactement il s'agissait mais, dans tout les cas, le loup n'était pas aussi sérieux que lui à ce sujet...

- ... Les zombies, se sont des «morts-vivants» non...? commença-t-il, soudainement plus très sûr de lui au vu du comportement du loup Et les vampires aussi, au final... Donc, par extension, les zombies existent... Mais on mange pas de cervelle, c'est tout... dit-il en le fixant droit ans les yeux Quoique, j'ai jamais essayé, on peut peut-être... Après tout, y'a du sang dedans. Et les humains mangent bien de la cervelle, d'agneau si j'me trompe pas...

Soudainement plongé dans ses réflexions, Sølv se demanda véritablement si c'était une option réalisable... Mais rien que l'idée de manger de la cervelle, enfin, y goûté, lui colla des frissons de dégoût, lui arrachant même un renâclement de gorge précédé d'un léger haut-le-cœur.

- Enfin, je ne m'y tâterais pas personnellement... conclue-t-il simplement, une expression contrite sur le visage

Le vampire était torse nu. Zito venait de le remarquer et se demandait comment il avait pu ne pas noter ce "détail" avant... Quoi que... Cela n'était pas forcement si surprenant, car il fallait bien le dire : chez les Quarter-moon, la pudeur entre les membres de la meute était inexistante. Quand, lors des rassemblements, chacun pouvait se changer en monstre aux proportions démesurées, on a vite fait laisser ses vêtements de côté pour éviter d'avoir à refaire trop régulièrement sa garde robe. C'était peut-être pour ça que Zito accordait finalement si peu d'importance aux vêtements qu'il portait : lui qui avait si tôt profité d'un environnement propice au nudisme, il ne portait ces artifices vestimentaires que pour paraître plus humain dans les environnements non lupins. D'ailleurs ce qui le "choquait" à présent, c'était plus le fait que Sølv soit torse-nu dans un bar, plus que le simple fait qu'il soit torse-nu. Zito devinait aux murmures désapprobateurs des tables environnantes que la demie nudité du vampire n'était pas du goût de tout le monde...
Soucieux de ne pas attirer trop l'attention sur eux Zito attrapa sur son dossier, ce qui semblait être une veste légère, bien qu'on aurait pu faire la confusion avec une serpillière tant la couleur noire était délavée et irrégulière.

-Enfiles ça... J'ai l'impression que la vue de tes tétons n'est pas au goût de tout le monde... Regarde là-bas : le vieux du coin est au bord de l'attaque cardiaque devant un tel manque de pudeur... A moins qu'il soit en pleine érection... Plaisanta-t-il. Prévenant un soucis majeur il ajouta :

-Tu as de la chance, je me suis pris la pluie en arrivant : ça a dû retirer une bonne partie de mon odeur. Enfin, normalement... Mais évite de recommander une bière : on sait jamais. Préconisa-t-il avec prudence, et puisqu'il avait déjà remarqué que le vampire avait repoussé le sien il ajouta :

-D'ailleurs je me ferais un plaisir de finir celui-là si tu n'en veux plus.Il s'agirait de ne pas gâcher ! S'affalant sur sa chaise il reprit la conversation sur les zombies, l'air de rien :

-Les lions et les tigres sont tout deux des félins, mais les tigres ne sont pas des lions ! Remarqua-t-il.

-Faut pas tout mettre dans le même sac sous prétexte que y'a UN truc en commun.

Arquant un sourcil lorsque le loup lui tendit son... Blouson (?!), le vampire ne saisit pas le vêtement, écoutant ses arguments, le nez légèrement froncé, créant de légère «rides» sur ses joues pâles.

- Enlever ton odeur...? Tu te moque de moi là ? Ça pue comme un chenil de chiens mouillés ton truc...! J'm'en fous qu'on me regarde, vire moi ça, sinon j'vais re-dégueuler. Si tu veux finir ma bière c'est pas une bonne idée. lâcha-t-il tout de go, repoussant la veste tendue Là, ça suffira bien comme ça... ajouta-t-il alors que de quelques coups de doigts rapides il venait d'étaler sa longue et épaisse chevelure tout autour de son buste, comme une longue cape argentée

Il avait bien compris qu'il ne valait mieux pas trop attirer l'attention et que c'était pas bien vu d'être à moitié nu en publique... Mais bon, il n'avait pas non plus conscience que sa chevelure était loin d'être classique et qu'elle produisait l'effet inverse de celui recherché... Enfin, au moins faisait-il un effort.

Il ne releva pas l'allusion sexuelle du lycan et poussa simplement sa pinte vers lui.

- Fais toi plaisir, moi ça m'a suffit.

Écoutant la suite de ses paroles, son esprit en apprentissage eu comme un déclic, pas une révélation à proprement parler mais, il avait compris une subtilité de langage et c'était déjà un grand pas pour lui.

- Aaaah oui, je vois... Comme les lycans et les vampires : ennemis naturels mais tous ne se haissent pas. Comme nous vu qu'on discute comme deux humains. dit-il dans un sourire franc et sincère Mais je suis quand même de la même famille que les zombies. ajouta-t-il dans un rire